Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Arty Wall
Arty Wall
Publicité
Archives
18 mars 2009

Le Jet

Ecrire, c´est l´éjaculation la plus classieuse, la plus jouissive, la plus prometteuse. On attend ce moment, cette délivrance, ce cri du coeur et du sang. Il faut pouvoir étaler cette semance qui bouillone en nous, dans notre chair et notre cerveau. Un tourbillon d´idées, une tempête de frustration. Rien ne vient avant cette éjaculation, rien ne sort, tout se comprime, tout se sert, tout se tord d´angoisses et de terreurs anonymes.Cette tension vous serre la poitrine, vous fait sortir de vos gonds, vous décuple les sens et les idées. Ces liquides qui se mélangent formeront un tout semble t-il. Des liquides écrits, des liquides acides ou bien sensibles. Qui résisteront aux effets du temps, de la mode et de la critique. Le verbe mêlée à ce cri, si injustement attendu. Cette libération n´est pourtant qu´une abberation, une souffrance, un crime commis contre le temps et la sagesse de l´Homme. Cet automatisme qui me pousse à prendre ma feuille, à me saisir de mon stylo est une plainte aigue autant qu´un souffle de soulagement. Cette robotisation de mon humeur, de mon désir est un monstre béant qui s´ouvre et se ferme quand il en a envie, qui envenime mes jours et mes nuits de solitude. Cette puissance ne vient de nul part, elle agit sous le contrôle impermanent des choses et des êtres. Il est un virus dont les meilleurs traitements ne viennent à bout. Maudites giclées, maudites poésies...

C´est un combat pour en finir avec cet fin de texte, cette fin du désir qui écrase littérallement la vie de tout son poids gélatineux, scandant des slogans et des images édifiantes qui ne cessent de courir et de creuser des trous dans nos mémoires et nos actions les plus simples. L´écriture n´est rien que cette continuité de cette souffrance si abjectement retenue avec plaisir par nos cellules. Ces tiroirs remplis de papiers et de petites morts ne s´ouvrent plus. Ils sont comme ces vases remplies de fleurs, ces paniers trop garnis, ces blessures trop profondes. Le désir de jouir, c´est la Boîte de Pandore de chacun, une prison dorée que semble retenir avec justesse la main de l´homme, parfois. Des démons intérieurs se produisant en chacun de mes mots, chacunes de mes logorrhées interminables et religieuse comme un voeux pieu. Brûler un cierge devrait être aussi fort et puissant que brûler sa passion, sa sécrétion. Tout devrait être une torture exceptés ces prières que l´on se fait à soi même lorsque tout cet amas physique se répand sur le sol ou sur ce papier de glace.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité