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27 juillet 2009

Les phases

Les effluves de nos peaux, ces morceaux de chairs accrochés à notre conscience et notre oubli nous rappellent constamment à nous. Nous laissons y choir nos larmes, nous y laissons nos marques de la violence du temps et des Hommes. Cette sépulture qui connaît comme la Lune ses phases montantes et ascendantes. Il se fait Dieu lorsqu´il est glorifié. Il se défigure lorsqu´il traverse les jeunes années. Il n´a de cesse d´émouvoir notre « iconoclastie » jusque dans les profondeurs de nos mondes virtuels et parfois peu vertueux. Parfois, le corps m´emporte, parfois il me transpose là ou je ne le souhaitais pas. Il est espace, oasis, mirage.

Et chaque jour du monde, je me heurte à cette réalité éternelle et familière. Ces pores qui transpirent, cette poésie des courbes, cette vulgaire tache, cette enveloppe scientifique mélange nos secrets et nos arômes les plus séduisants et les plus dangereux. Il traverse le béton, remplit des espaces froids, se confronte aux murs de nos différentes et impénétrables réalités.
Parfois, il se peut que nous ne sachions pas réellement quoi en faire. Il devient alors cet objet resté trop longtemps inanimé. Le jour, ce corps revêt son apparence la plus pratique mais une fois le voile de la nuit tombé à notre fenêtre, nous ne savons plus bien à quoi il sert. Alors nous inventons, nous innovons, nous pouvons même si nous nous le permettons devenir autre. Les plus sages et peut-être les plus éveillés optent pour la solution charnelle, la fusion de cet esprit immatériel avec ce lien fragile, cette univers sensitif. L´hypnotisme du corps sensuel est source d´un désir, d´une drôle de pulsion qui échappe aux contingences de notre conscience. Est-ce moi qui contrôle ces envies ou est-ce le corps qui m´ordonne de rentrer en symbiose, en ataraxie avec ses zones les plus érogènes ? L´émotion remplit alors de toutes ses vibrations cet amas qui nous paraissait alors futile, voir ennuyeux. Il n´est plus cet objet que nous percevons, placarde en affiche. Il n´est plus ce bétail idéologique d´une pensée dite commerciale. Il devient une expérience, un voyage.

Enfin, le corps résiste à une certaine catégorie d´esprits. Ceux là sont les plus aguerris, les plus à même de comprendre d´où vient le corps et où il ira. Il sait par essence, la fragilité mais aussi le certain vide qu´il possède. Pour eux, il n´est rien. Pour eux, le corps est une enveloppe et l´esprit la lettre. La lettre, contrairement à l´enveloppe, reste, s´incruste dans les profondeurs de la psyché. Au royaume de l´Eveil, il devient une arme de défense mais n´est plus ce Graal plastique modelé par l´Occident. Il est juste un parfum duquel il faut apprendre à en rejeter les mauvaises brises. Votre corps périra, succombera, peut souffrir de toutes les tortures les plus intolérables. Mais, votre esprit est le champ de tous les possibles. Il est ce canto jondo de vos peines nocturnes et de vos bonheurs les plus éblouissants de lumière. Autrement dit, si vous regardiez une peinture, vous ne devriez garder qu´en mémoire la toile qui a servi de surface à la réalisation du peintre. La toile est le champ de sa réflexion, est le commencement de sa manifestation, c´est son choix, son ami ou ennemi, son rêve ou bien son cauchemar.

La consécration serait alors un modelage parfait, entre cette acceptation de la souffrance et de la notion de limite qui est attribué à ce corps que nous aimons et repoussons tel un Œdipe physique et personnel avec nos propres conceptions, nos propres respirations mentales, et un Esprit capable de se détacher. Un Esprit qui embraserait toutes les couches superficielles de notre âme pour ne retenir que la divine essence de ce qui ne peut plus se traduire, de ce qui nous touche au plus profond de nous même, de ce qui est Vérité –l´Amour- et non plus mensonge – la Peur.


Texte publié pour un concours, il y a deux mois, sur le-hangar.com

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